Le nouvel hôpital de Bastia pris entre deux feux !

L’engagement du député Michel Castellani pour faire avancer le projet hospitalier de Haute-Corse se manifeste par un soutien actif et une sincérité indéniable. Il convient également de saluer le personnel hospitalier qui avait régulièrement alerté sur la situation critique du centre hospitalier de Bastia , certains agents allant jusqu’à une grève de la faim (en 2017).

Ces efforts ont semble-t-il porté leurs fruits. En effet, le 18 juillet dernier, le directeur de l’hôpital a informé le conseil de surveillance du lancement d’un projet de reconstruction en deux phases. La première concerne l’acquisition de terrains au lieu-dit « Labrettu » pour y bâtir de nouvelles installations, avec une enveloppe estimée à 66 millions d’euros, selon Pierre Savelli, maire de Bastia et président du conseil de surveillance.

La seconde phase portera sur la reconstruction complète du centre hospitalier, mais son financement reste à déterminer

Labrettu : une destination controversée

Chose peu commune, dans son courrier annonçant le projet de construction, le directeur annonce d’emblée que cela sera sur Labrettu. En général, la recherche d’un site intervient plus tard.

Or, le secteur de Labrettu pose un problème de zonage : en 2015 comme en 2020, il est identifié dans le PADDUC comme Espace Stratégique Agricole (ESA).

La mairie de Bastia a tenté de reclasser Labrettu, mais la Collectivité de Corse (CdC) a rejeté cette demande.

Pourtant, en 2020, le PLH de la Communauté d’Agglomération de Bastia (CAB) y prévoit un programme d’aménagement pour 1 230 logements, en totale contradiction avec le PADDUC. Un PLH validé par la majorité bastiaise en 2021

Pour contourner cette contrainte, la seule option est un projet d’aménagement public à enjeu régional afin de justifier une occupation du sol à Labrettu.

Le projet de nouvel hôpital de Bastia, à portée régionale, permet cette exception, seulement une incertitude raisonnable demeure quant à sa faisabilité.

Critiques et recommandations du Conseil exécutif de Corse

Dans un avis rendu le 28 juin dernier, le Président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a recommandé de classer Labrettu en « zone d’urbanisation conditionnelle » pour le projet hospitalier uniquement en excluant les logements nécessaires au personnel.

Si celui-ci n’aboutit pas, Labrettu serait reclassé en zone agricole, excluant ainsi toute construction de logements. Ce qui attaque frontalement le PLU qui prévoit la construction de logements pour le personnel dans le projet hospitalier ou de l’habitat en cas d’échec du projet.

En parallèle, Gilles Simeoni critique un PLU qui ouvre des secteurs à l’urbanisation sans plan d’aménagement d’ensemble, au risque de compromettre les futurs grands équipements comme le futur hôpital.

Une DUP précipitée et un financement incertain

Malgré les recommandations injonctives de Gilles Simeoni, le maire de Bastia a fait adopter en conseil municipal la procédure de Déclaration d’Utilité Publique (DUP) pour que l’hôpital acquière Labrettu, sans attendre que le PLU ait franchi toutes les étapes légales.

Mais cette procédure soulève des questions : comment l’hôpital pourrait-il initier une expropriation si le site est classé en zone agricole dans le PADDUC et alors que le PLU de Bastia reste non opposable ?

De plus, contrairement au projet de l’hôpital d’Ajaccio qui avait bénéficié d’un soutien ministériel de 130 millions d’euros, le financement du projet bastiais n’est garanti que pour la première phase. La question du financement des phases ultérieures, y compris les aménagements de l’hôpital actuel, demeure en suspens.

Si le projet ne va pas à son terme, le centre hospitalier se retrouverait avec du terrain agricole sur les bras !

On souhaite bonne chance au Préfet de Haute Corse qui doit se prononcer sur cette DUP !

Conclusion

Il est incontestable que les besoins en santé publique de la région sont pressant et réclament un nouvel hôpital.

Un projet hospitalier de Bastia est un chantier ardu semé d’embûches juridiques et financières.

Un cadre de planification clair et cohérent est nécessaire pour éviter que l’hôpital ne devienne la victime de cet imbroglio politico-administratif.

Il est crucial que les différentes autorité collaborent étroitement pour surmonter ces obstacles et garantir la réalisation de ce projet vital pour la communauté au lieu de se livrer à une guerre d’égo !


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