La Cab plombe le PLU de Bastia

Je me suis procuré l’avis de la CAB sur le projet du PLU arrêté par la ville de Bastia en mars 2024. Ce document de 22 pages, dans lesquelles rien n’est épargné au maire de Bastia, se conclut par un cinglant « avis défavorable »!

L’analyse porte sur les quatre documents suivants : le Rapport de Présentation, le PADD, les Orientations d’Aménagement et de Programmation et le Règlement.

Il est fait grief à la ville de Bastia de ne pas retranscrire dans le PLU le rôle de la CAB et ses capacités, ses orientations et ses besoins dans l’accomplissement de ses compétences.

En somme, il est demandé au Maire de revoir sa copie.

Urbanisme et économie:

Les services de la CAB partent d’un constat : la publication de la cartographie des ESA suite à la modification n°1 du PADDUC en 2020, a confirmé que les propriétés de la CAB sur le secteur de Pastoreccia étaient maintenues en tant qu’ESA. Et, la seule option pour envisager une vocation différente pour ces terrains consiste à y élaborer une opération d’aménagement public d’ensemble (à l’échelle du secteur d’enjeu régional).

Ce modus operandi avait été confirmé par le Président du conseil exécutif de Corse, lui-même, dans sa réponse aux observations de l’enquête publique sur la modification du PADDUC, et aux avis des personnes publiques associées, dont celui de la CAB.

Aussi, il apparait incompréhensible pour la CAB que la commune fasse le choix de traiter la question des ESA sur la réserve foncière jouxtant l’actuelle ZAE de la CAB par un déclassement pur et simple de la vocation agricole de ces espaces et des secteurs avoisinants de Labrettu et Agliani sans respecter le modus operandi édicté par la collectivité de Corse. D’autant plus que les terrains de la CAB, eux, restent inconstructibles.

Pour la CAB, cela ouvre ainsi la voie à un risque d’urbanisation résidentielle ou commerciale non maîtrisée des terrains privés, compromettant les possibilités d’implantation d’autres activités économiques futures.

D’ailleurs la synthèse économique dressé par la CAB est un véritable camouflet pour Pierre Savelli :

  • La prise en compte du développement économique et l’identification des besoins des entreprises semblent insuffisamment développées.
  • Le PLU semble incompatible  avec le maintien d’une activité productive en ville, y compris artisanale.
  • Les enveloppes d’extension prévues ne prévoient aucun espace complémentaire pour de l’activité économique
  • Le règlement  du PLU ne prévoit pas d’évolutions significatives pour prendre en compte les enjeux de densification économique avec un risque à terme pour le maintien des activités productives (industrie, artisanat, logistique et entreposage).

Pourtant, la CAB insiste sur la relation entre implantation d’entreprises, création d’emplois induits, et potentiel de croissance démographique.

Elle précise que, sur la décennie 2000, sur le seul territoire de la CAB, la création d’environ 7000 emplois avait porté l’ensemble de la croissance démographique.

Gestion des ressources:

La CAB lance également un autre pavé dans la mare du maire de Bastia qui se trouve également être président d’Acqua Publica. Elle attire l’attention sur un risque d’une importante augmentation du prix de l’eau.

En effet, le PLU prévoit une augmentation de 7000 habitants d’ici 2040. Pour répondre au besoin en eau,  Il est reproché à la mairie de miser sur la possibilité pour la régie Acqua Publica d’augmenter la quantité d’eau potable achetée à l’OEHC.

Or la CAB souligne l’incidence financière non négligeable de cette hypothèse sur le prix de l’eau compte tenu du coût d’achat très élevé de l’eau brute à l’OEHC.

Toujours dans le registre de l’eau. Si la CAB reconnait que le PLU veut faire de l’agriculture un axe de développement alors qu’elle est, aujourd’hui, très peu présente.

Elle demande des études quant à la faisabilité des solutions pressenties pour alimenter en eau les parcelles consacrées à l’agriculture.

Il est vrai que des terres agricoles sans eau, ça ne sert pas à grand-chose !

Conclusion:

Dans une interview accordée dernièrement à Corse Matin, le Président de la CAB a affirmé qu’il n’y avait pas de place pour un désaccord entre la Ville de Bastia et la CAB.

Force est de constater qu’il y en a pour des rapports à couteaux tirés avec en toile de fond rien de moins que l’avenir de notre ville.

Ce conflit révèle un malaise plus profond dans la gestion urbaine de Bastia, où des choix hasardeux pourraient compromettre l’avenir économique, environnemental, et social de la ville


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