Inondations, irrégularités, incohérences : l’îlot de la poste à Bastia vire au scandale !

L’îlot de la poste revêt une telle importance stratégique qu’il fait partie des projets évoqués lors de la présentation des grandes lignes du futur Plan local d’urbanisme (PLU).

Or, il n’y a pas eu la moindre avancée notable alors que sa livraison était prévue horizon 2026

Pourtant la ville s’étant donnée du temps, beaucoup de temps,  pour réfléchir à un projet. 

Elle a tout d’abord sollicité l’office foncier de la Corse pour porter l’opération d’acquisition pour un montant de 3.47 millions € en 2016 

La ville de Bastia n’a acquis l’îlot de la poste qu’en 2021 pour un montant de 3.8 millions € avant de faire valider le projet de cession au promoteur lauréat de l’appel à projet lancé en 2019 pour un montant de 3.2 millions € ( avec au passage un petit cadeau de 600 000 €)

Mais, à ce jour, la cession n’a toujours pas eu lieu ! Et le bâtiment de l’îlot de la Poste commence à peser sur les finances de la municipalité déjà extrêmement fragilisée

Pourquoi n’a-t-elle pas eu lieu ?

Parce qu’il y avait une condition suspensive qui était l’obtention du permis de construire. Un permis de construire qui se heurte aux prescriptions du plan prévention risque incendie (PPRI) car l’îlot de la poste est situé en zone rouge c’est à dire une zone fortement exposée à un danger majeur de débordement de cours d’eau (le Fango) et de ruissellement.

D’ailleurs, devant l’évidence du rejet du permis, le promoteur n’en a même pas fait la demande 2 ans après la délibération actant la cession du bâtiment.

Ainsi, ce PPRI, établi en 2015, dont l’existence semble pourtant prendre de court la majorité municipale qui n’a jamais anticipé ce problème.

Il faut savoir que dans l’intérêt de la population, le PPRI actuel interdit, dans une zone rouge, toute augmentation d’emprise au sol, la création d’étages supplémentaires, les nouveaux logements et les changements de destination.

En somme, est interdit tout ce qui caractérise le projet de l’îlot de la poste.

Certes, un PPRI ça se révise. Mais pour ce faire, les magistrats de la chambre régionale des comptes précisent qu’il faut, au préalable, restaurer la capacité hydraulique des galeries d’écoulement du Fango. (rapport d’observations définitives sur la CAB)

En d’autres termes, il faut retirer des galeries  les conduites d’eaux usées et les faire passer ailleurs.

Le coût total prévisionnel de ces travaux est évalué à 7,4 millions €.

Ainsi, Acqua Publica doit réaliser 7,4 millions € de travaux pour permettre à un promoteur privé de réaliser son projet à l’îlot de la poste sans que celui-ci ne débourse le moindre centime. (alors qu’il a bénéficié d’un petit « cadeau » sur l’achat du bien)

Or, la situation financière dégradée de cette dernière est catastrophique. Elle n’est donc pas en mesure de supporter un tel investissement

Une situation que la majorité municipale a passé sous silence lorsqu’elle a soumis au vote le projet de cession de l’îlot de la poste (conseil municipal du 17 décembre 2021)

Devant l’émergence d’interrogations légitimes , le Président d’acqua publica et maire de Bastia a affirmé que l’État s’était engagé, par la voix du Préfet de Haute-Corse, à financer à hauteur de 80% ces travaux.

Etonnant que l’État puisse participer financièrement à des travaux pour permettre à un acteur privé de faire une promotion (sans que ce dernier ne participe à la réalisation de travaux dont il tirerait pourtant bénéfices!)

Mais, le préfet de l’époque s’est envolé sous d’autres cieux, et avec lui les promesses qui auraient été faites. Elles n’ont d’ailleurs jamais été confirmées par le nouveau préfet de Haute Corse.

Mais la majorité bastiaise a eu une idée de génie ! Pour supprimer le danger, il suffit de le retirer du PPRI.

Les services préfectoraux ont donc été sollicités afin d’ouvrir les vannes du PPRI pour autoriser ce qui était interdit.

Effectivement pourquoi dépenser des millions quand un simple coup de gomme suffit !

Et, effectivement, les documents accessibles sur le site de la préfecture de Haute Corse nous dévoilent qu’une révision est en cours autorisant dans toutes zones (même celles en rouge) les opérations de renouvellement urbain.

Ainsi, dans une période où nous constatons une aggravation des conditions météorologiques avec des inondations de plus en plus importantes et fréquentes, les services de l’État sont sur le point de jouer avec la sécurité de la population afin de sortir la majorité municipale d’une galère dans laquelle son inconséquence l’a embarquée.

Comment peut-on imaginer un parking souterrain  de 300 places dans une zone inondable? On a encore en mémoire l’effroyable drame où 7 personnes avaient perdu la vie, noyées dans leur parking dans les Alpes Maritimes en 2015.

Mais au-delà, des questions sécuritaires qui restent primordiales, se pose la question de l’équité du traitement de l’appel à projet de 2019 qui devait désigner un promoteur.

En effet, en 2019, quand il a été lancé, les projets devaient tenir compte de l’existence des contraintes extrêmement exigeantes d’une zone rouge dans laquelle se trouvait l’îlot de la poste. Des contraintes qui ont pu faire renoncer certains promoteurs à se positionner.

Ainsi à la demande de la mairie de Bastia, les services de l’État s’apprêtent à modifier la règle telle qu’elle existait au moment du concours.

Pour combler son incompétence, cette majorité municipale quémande à l’administration des largesses que Femu a Corsica, dont elle se revendique, ne cesse de dénoncer quand elles sont accordées à d’autres et particulièrement en matière d’urbanisme !

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