comment Rubis (Vito) a fait main basse sur la Corse

Je vous avais déjà parlé des Dépôts Pétroliers de la Corse (DPLC), de son rôle stratégique dans la distribution des carburants en Corse et de son opacité financière (non publication des comptes annuels).

Cf. https://fpolettiblog.com/…/scandale-du-prix-de-lessence-en…/

DPLC a pour rôle de recevoir et stocker les produits pétroliers, gazole, essence, fioul domestique, et kérosène. C’est-à-dire que tout opérateur pétrolier est obligé d’avoir à faire avec DPLC.

Et, la montée en puissance du groupe Rubis dans DPLC s’est effectuée dans une certaine opacité.

Par exemple, la décision n° 09-DCC-94 du 31 décembre 2009 relative à l’acquisition d’actifs de la Société des Pétroles Shell et du groupe Total par le groupe Rubis, nous apprend que le groupe Rubis avec sa filiale HP trading devaient prendre au moins 35.5% du groupe DPLC (La totalité de la participation de Shell et une partie de celle de Total).il resterait comme actionnaires, en dehors du nouvel entrant, Total, Esso et BP.

D’ailleurs, la présence de BP et d’Esso au capital est confirmée dans un PV du comité de direction de DPLC daté du 28 février 2008

Or, fin 2017, dans un communiqué le groupe Rubis nous annonce le rachat des activités du britannique Euro Garages (BP) en Corse. La transaction, dont le montant n’a pas été dévoilé, porte notamment sur « un réseau de 17 distributeurs agréés opérant actuellement sous enseigne BP L’acquisition inclut également la participation minoritaire d’Euro Garages (BP) dans les dépôts pétroliers DPLC d’Ajaccio et de Bastia, dont Rubis détient désormais 75 %.

On apprend dans un article du mensuel Capital, daté du 3/10/2017, que la participation de BP dans DPLC s’élevait à 21.5%.

Or, même pour les moins matheux d’entre nous, 35% (entrée de Rubis en 2010)+21.5% (rachat de BP en 2017)=75%, le compte n’y est pas !!

En fait la réponse à ce bien curieux problème mathématique nous est donnée par le PV de l’assemblée générale mixte du 7 juin 2011. En effet, dans ce PV, ESSO a disparu de la liste des actionnaires.

Contrairement à ce qui a été déclaré à l’autorité de la concurrence. Rubis a acquis dans DPLC les parts de Shell, une partie des parts de Total et, dans la foulée, les parts de ESSO. Ce qui a porté la participation de Rubis, comme indiqué dans le rapport financier annuel de 2015 à 53.5%.

Ce qui au passage, rend caduque l’analyse de l’autorité de la concurrence « La prise de participation de 35,5 % du groupe Rubis au capital de DPLC n’est pas de nature à lui conférer de droits excédant ceux normalement consentis à un actionnaire minoritaire pour protéger ses intérêts financiers ». Caduque parce que, très rapidement, le groupe Rubis est devenu actionnaire majoritaire de DPLC.

Mais allons plus loin.

En 2012, dans une étude-diagnostic sur les prix des carburants en Corse, réalisé pour l’ADEC par Vialtis Consulting International, la direction de DPLC évaluait les coûts d’exploitation des dépôts corses à 30% supérieurs à ceux observés sur les dépôts de France continentale. Vétusté, recours à des prestataires du continent, saisonnalité en étaient les causes.

Cependant, depuis que le groupe Rubis en a pris le contrôle, DPLC, en infraction avec la loi, ne publie plus aucun compte.

Or, malgré cette opacité, il y a des documents qui trainent. Les derniers comptes publiés par DPLC (exercice 2008), le PV de l’assemblée générale mixte du 7 juin 2011 et le PV de l’assemblée générale ordinaire du 7 juin 2015, nous permettent de déterminer que le résultat de DPLC est passé de 358 577 € (2008) à 2 411 993.27 € (2014) soit une augmentation de 521% en 6 ans !!

Et, vous l’avez compris, le coût de stockage, que DPLC facture aux compagnies pétrolières, est répercuté dans le prix à la pompe.

A titre de comparaison, Vito Corse, l’enseigne de distribution du groupe Rubis, a réalisé un résultat de 1 621 000 € soit bien inférieur à celui DPLC.

Mais, il y a pire ! En 2011, les actionnaires de DPLC se sont distribués 990 000 euros de dividendes. Des dividendes qui sont passés à 2 100 060 € en 2014 soit une augmentation de 112% en 3 ans. Le moins qu’on puisse admettre c’est qu’on ne peut pas en dire autant du pouvoir d’achat des Corses !

Malgré les surcoûts mis en avant par la nouvelle direction de DPLC, le groupe Rubis réussit à faire de la Corse un marché très lucratif. Une Corse qui est pourtant frappée par un taux de pauvreté élevé, une précarité inquiétante et une économie fragile.

Pour s’en convaincre, il suffit de comparer les DPLC avec d’autres dépôts pétroliers appartenant à Rubis. Bien qu’étant le plus petit dépôt pétrolier (37 000m3 avec Lucciana et Ajaccio), son résultat n’a rien à envier à celui des autres.

Voila comment depuis 2010, Rubis développe la mise en place d’un monopole avec la ferme intention de presser comme un citron une Corse déjà fragile tant au niveau social qu’économique.

Il devient vital, pour notre société et notre économie, de revoir toute la distribution des carburants en Corse

3 commentaires

  1. bonjour
    nous menons le meme combat a la Reunion contre le meme groupe de procedure administrative en procedure commerciale et ce jour audience devant l autorité « dite » de la concurrence
    dans quelques jours nous saurons si les peuples iliens ont été vendus a l esclavagiste économique comme aux heures sombres du code noir
    bon courage a vous on est avec vous
    en tapant ccirpp sur le web vous aurez la genèse

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    • Bonjour, merci pour votre message. J’ai eu, hier, un long entretien téléphonique avec votre conseil (qui m’avait contacté via Facebook). Effectivement, nous sommes confrontés à la même « pieuvre ».
      Et, je crois qu’il serait bon d’échanger nos informations, dans un premier temps.
      Ce qui vous arrive est ce qui est réservé à la Corse.
      Auriez vous un mail?
      Bon courage également à vous.

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    • Bonjour, merci pour votre message. J’ai eu, hier, un long entretien téléphonique avec votre conseil (qui m’avait contacté via Facebook). Effectivement, nous sommes confrontés à la même « pieuvre ».
      Et, je crois qu’il serait bon d’échanger nos informations, dans un premier temps.

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