L’Histoire comme seul Avenir…

Notre société insulaire est bien différente de celle qui occupait la Corse il y a plusieurs siècles.

Cette différence n’est pas une perte d’identité, mais bien une évolution.

Elle aurait pu, sans doute, être meilleure, elle aurait pu également être pire.

La modernisation des transports, l’émergence de l’industrie du tourisme ont augmenté les interactions avec l’extérieur.

Aujourd’hui certains vivent avec le fantasme qu’hier était mieux qu’aujourd’hui.

Pourtant, hier, notre jeunesse était condamnée à l’exil pour ne pas souffrir de la faim.

Hier, nous mourrions d’une maladie qui aurait pu être soignée ailleurs.

Hier, les plus démunis acceptaient avec résignation leur condition sociale d’une société sur laquelle régnaient les plus aisés.

Cette jeune Corse porte sur sa tête ses chaussures afin de les économiser

Si l’histoire est importante, elle reste du domaine des historiens. Or, nous entendons des élus débattre sur la Corse d’hier en délaissant celle d’aujourd’hui.

On agite des chimères et brandissant une identité qui correspond souvent à une époque heureusement révolue.

Qui pourrait raisonnablement souhaiter que nous revenions aux temps des bateaux à voiles, aux temps où l’avion n’existait pas et aux temps où la médecine était exercée, fréquemment, par des charlatans?

Nous devisons en embellissant le portait d’une Corse passée sans débattre de la Corse que nous voulons.

Aucune tradition, aucune culture ne se préservera dans le sacrifice de l’émancipation.

Or aucune émancipation ne saurait être envisagée dans la pauvreté et sans aucun espoir d’un avenir meilleur.

Aussi imparfait soit le système actuel, je préfère obéir à des lois édictées par des personnes élues démocratiquement qu’à des règles imposées par des «seigneurs» locaux.

Une île comme la nôtre est naturellement soumise aux monopoles. Or le mot même de monopole a été presque banni du discours politique.

Ce n’est pas parce qu’on ne l’évoque pas qu’il n’existe pas.

Comment peut-on rester crédible en se prétendant défenseur de l’émancipation si, dans le même temps, par souci électoraliste, on craint de dénoncer un monopole qui presse chacun d’entre nous comme de vulgaires oranges ?

Comment faire croire que l’on est capable de faire un bras de fer avec un État si, dans le même temps, on n’ose pas froisser un ou deux «amis» afin de préserver le bien commun ?

Alors, on se complaît dans l’ambiguïté.

On est ni de gauche, ni de droite ou des deux.

On veut sauver l’agriculture en oubliant les agriculteurs.

On veut défendre la langue corse sans se soucier de ses locuteurs.

On veut préserver notre terre sans considérer ceux qui y vivent.

On cherche à marquer l’Histoire tout en négligeant l’Avenir.

On brandit des symboles devant les problèmes très concrets du quotidien et face à la violence qu’est la pauvreté.

Finalement, on ne nous explique pas comment on va le faire, mais à cause de qui on ne peut pas le faire.

Au lieu d’apaiser une colère légitime en prenant le risque de faire, on préfère tenter de s’en faire maître en livrant des boucs-émissaires à la vindicte populaire…


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2 commentaires

  1. Merci Monsieur Poletti de votre plume qui me semble si juste dans chacun de vos articles.

    Je vous sens emprunt de justice et donc sensible à l’injustice, c’est aussi l’objet de ce message.

    Je serai curieux de savoir si vous êtes sensible à la protection de l’enfance car il n’y a plus de protection de l’enfance en Corse, on ne protège plus nos enfants !

    Certes par manque de moyens et pas seulement, les problèmes sont multiples notamment à la CDC, sacro-sainte institution que personne n’ose mettre en cause dans son absence de gestion de ses services sociaux.

    Il est particulièrement injuste pour la population ayant besoin d’aide et qui fond souvent partie des couches sociales les plus défavorisées. Même dans les CMP c’est la misère, un jeune ayant besoin d’aide aujourd’hui devrait attendre un an pour un rendez-vous, on s’étonne de voir une partie de notre jeunesse partir en vrille….

    Franchement, c’est une honte d’envisager un futur aussi sombre à cette partie de notre jeunesse, parce que ce n’est pas comme cela qu’on en fera des adultes responsables !

    J’ignore si une tel sujet pourrait être traité par votre plume, j’avoue avoir la faiblesse de penser que cela pourrait être une amorce d’un changement pour nos enfants.

    En tout cas, j’espère avoir pu vous exposer un sujet qui n’est si sensible et qui parle d’un autre Avenir.

    Bien cordialement,

    Bruno Muracciole

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    • bonjour,
      Je viens de prendre connaissance que très tardivement de votre message. Et je vous remercie pour votre message. J’essaye effectivement de défendre, avec les moyens qui sont les miens, les valeurs auxquelles je crois.
      Et la protection des enfants, je suis père, est un domaine qui je trouve important. Après j’avoie ne pas avoir tous les éléments nécessaire pour en faire un état des lieux. Si vous aviez des informations pour m’aider dans les recherches nécessaires n’hésitez pas à m’en faire part.
      je vous donne mon mails perso fpoletti5@gmail.com
      Bien cordialement
      Frédéric Poletti

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