En tant que Bastiais, je n’ai pas d’autre explication pour comprendre l’éventuel retour politique de Gilles Simeoni, qui, selon les médias, conduirait la liste Femu a Corsica aux prochaines municipales.
Le retour de l’éphémère maire de 2014, qui, malgré la vague d’espoir qui l’avait porté, a préféré le fauteuil de président du Conseil exécutif de Corse, interpelle.
« Je serai présent à Bastia si on me cherche, y compris pour répondre », a-t-il déclaré sur France3 Corse.
Nous, Bastiais, pourrions nous demander : chercher quoi ? Ses participations aux conseils municipaux ? Là, il brille surtout par son absence depuis des années.
Il ne faut pas oublier qu’il était 7ᵉ sur la liste de Pierre Savelli, qu’il est conseiller municipal, et qu’il est également 4ᵉ vice-président de la CAB.
« Je suis fier du bilan de Bastia », a-t-il renchéri…
Schizophrénie, quand tu nous tiens ! En tant que président du Conseil exécutif de Corse, il a produit un avis particulièrement critique sur le PLU porté par « son » maire, dénonçant incohérences, fragilités juridiques et risques pour les projets structurants.
Et pourtant, le conseiller municipal Gilles Simeoni a donné procuration à Pierre Savelli pour voter ce même PLU qu’il avait critiqué en tant que président du conseil exécutif.
« Certains veulent territorialiser l’élection bastiaise », poursuit-il.
Cocasse : il accuse les autres de ce qu’il pratique lui-même depuis 2014. Bastia a toujours été pour lui un tremplin régional, en 2014 pour gagner la région, en 2020 pour la conserver.
Et puis, s’il revenait à la mairie, sa seule présence forcerait à mettre sur la balance son bilan régional. Un bilan étrillé par la Chambre régionale des comptes : situation financière et comptable sérieusement fragilisée, risques sur le patrimoine, les investissements et la fiabilité des comptes.
Comment échapper aux critiques concernant les réalisations de la CdC pour Bastia ? Trois exemples parmi tant d’autres :
- Le quartier de la gare : un projet ambitieux qui a fini en immense… plaque d’enrobée surnommée parking « temporaire ».
- Le couvent Saint-François : toujours à l’état de ruine malgré les promesses.
- Le nouveau port de commerce : études commanditées en 2019 pour le Portu Novu, jamais transmises à Bastia pour être prises en compte dans le PLU.
Enfin, depuis 2022, toutes les forces politiques régionales sont concentrées sur le processus Beauvau. Comment justifierait-il de lâcher la région alors que se joue le sort de l’autonomie de la Corse ? Une autonomie censée résoudre tous nos problèmes (enfin même si personne ne comprend encore vraiment comment).
À moins qu’une fois élu, il ne se fasse une nouvelle fois la belle à Ajaccio.
Finalement, on peut se demander si sa candidature à Bastia ne serait pas la meilleure chose qui puisse arriver à l’opposition : devoir assumer deux bilans catastrophiques, ça fait beaucoup pour un seul homme… même s’il s’appelle Gilles Simeoni.
Notre unique consolation ? Que Pierre Savelli n’ait pas pu faire pire que lui à la région, simplement parce que Bastia ne dispose pas des mêmes moyens que la CdC…
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