À Bastia, la mairie transforme l’enquête publique sur le PLU en véritable tour de passe-passe. Malgré l’obligation légale de publier le rapport complet dès sa réception, les Bastiais n’ont eu droit qu’à un résumé filtré, dévoilé lors d’une conférence de presse soigneusement orchestrée. Entre communication bien huilée et vérité escamotée, récit d’une illusion démocratique.
Ce vendredi 25 avril, au sommet du Fort Lacroix, la mairie de Bastia a offert une nouvelle démonstration de transparence… version prestidigitation.
Un rapport d’enquête publique, remis depuis le 31 mars, devait être publié sans délai, comme l’exige la loi.

Mais au lieu de livrer ce document aux Bastiais, la municipalité a préféré organiser une conférence de presse, soigneusement scénarisée, avec en main… une « version maison ».
Un résumé, préparé par la mairie, pour expliquer au bon peuple ce qu’il doit comprendre.
On ne sait jamais : s’ils avaient eu accès au rapport complet, les journalistes auraient peut-être eu deux ou trois questions gênantes à poser.
À Bastia, la vérité, c’est comme le pétrole : faut creuser longtemps et on n’est jamais sûr d’en trouver
Le rapport complet ? Inaccessible.
Les critiques de la commission d’enquête ? Évaporées.
Plus de réserves sur Labrettu, plus d’interrogations sur la consommation des terres agricoles, plus de remarques sur l’urbanisation sauvage du sud de la ville.
À la place, un discours bien rodé : « L’enquête publique a été pensée comme un véritable échange démocratique ».
Un échange, oui, mais façon partie de poker où seuls les organisateurs avaient les cartes… et les règles aussi.
Et quand on ose évoquer le retard de publication ?
La réponse fuse : « Ceux qui nous critiquent méconnaissent la loi. »
C’est habile.
Surtout quand cette même loi impose une publication immédiate du rapport — pas après 25 jours, pas juste le temps pour une opération de communication.

Le tour est réussi :
Une enquête publique sérieusement critiquée devient, par enchantement, un modèle de démocratie locale.
Les Bastiais, eux, devront encore patienter pour accéder aux vraies cartes.
Mais on leur promet — comme toujours — des logements abordables, des hectares préservés, et un avenir radieux.
Abracadabra.
À Bastia, la transparence est un spectacle. Et l’accès aux documents, un privilège.
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