S’il y a bien un sujet sur lequel je n’ai pas envie de laisser passer la moindre ânerie, c’est bien celui des carburants en Corse.
Or, lors du débat de 1er tour de la législative de la 2nde circonscription de Haute-Corse, Jean-Felix Acquaviva a dit qu’avec l’autonomie il y aurait déjà eu régulation du prix des carburants.
J’aurais envie de lui objecter une seule chose. L’ile de la Réunion a-t-elle eu besoin d’un statut d’autonomie pour obtenir cette régulation ?
Bien évidemment non ! Alors qu’est-ce que la Réunion fait de mieux que nos élus?
Ce qui est certain c’est que la régulation telle qu’elle est prévue par l’article L-410-2 du code du commerce ne nécessite aucune réforme institutionnelle.
Pour l’appliquer, il faut déjà une situation de monopole. Or, nos élus ont eu énormément de mal à reconnaitre son existence.
Malgré tout le travail du collectif agissons contre la cherté des carburants en Corse, il aura fallu attendre la publication de l’avis de l’Autorité de la concurrence, en novembre 2020, pour qu’elle s’impose à eux.
Pourtant, cela n’a pas suffi.
En effet, la situation de monopole aurait permis d’actionner la régulation de manière pérenne, exactement comme à la Réunion. Cependant, Le Président du conseil exécutif a voulu faire valider par l’assemblée de Corse une régulation temporaire. Or, cette dernière ne peut être motivée que par une situation de crise, des circonstances exceptionnelles, une calamité publique… Ce qui n’était pas le cas de la Corse !
Pire, il n’a demandé une régulation que sur une partie des maillons de la chaine de distribution des carburants, ce qui aurait rendu ses effets totalement inefficaces.
Quand on demande une chose à l’Etat, nous ne sommes pas certains de l’obtenir mais si la demande est mal formulée, nous sommes sûrs de ne rien obtenir.
Lors de ce débat, Jean-Felix Acquaviva a dit également que cette régulation avait été réclamée à cor et à cris.
A cor et à cris, vraiment ?
Dans les médias, Gilles Simeoni a évoqué avoir écrit deux courriers sur le sujet… Seulement deux courriers ?!
En décembre 2021, l’autorité de la concurrence s’était saisie d’office de pratiques présumées dans le secteur de l’approvisionnement et de la distribution de carburants en Corse.
Cela fait maintenant 2 ans et demi, nos élus se sont-ils seulement souciés de l’évolution de cette saisine ? Cela concerne pourtant notre vie quotidienne ?!
En consacrant toute leur énergie au processus de Beauvau, Femu a Corsica a abandonné la problématique du quotidien des Corses.
A supposé même que l’autonomie permette de mettre en place une régulation, combien de temps cela prendrait il ? Le temps de boucler le processus, celui de la réforme institutionnelle, puis celui de la mise en place de l’autonomie et enfin celui de l’élaboration et de la mise œuvre de la régulation…
Cette histoire d’autonomie de plein droit et de plein exercice ressemble de plus en plus au train Bastia-Folelli de dans deux ans d’il y a presque 10 ans !
Au lieu de travailler à la fois sur le processus et sur la résolution des problèmes concrets des Corses, Femu a Corsica et ses élus ont délaissé l’aspect social pour ne parier que sur l’autonomie.
Ce faisant, ils ont pris en otage notre quotidien, en affirmant qu’il ne pourra s’améliorer qu’avec l’autonomie : « vous aspirez à vivre décemment ? il faut l’autonomie ! D’ici là fermez le ban… ».
Mais tiens de l’autonomie, parlons-en !
La majorité territoriale n’a que ce mot en bouche. Elle promet que tous nos soucis seront alors réglés sans qu’elle ne nous ait encore expliqué comment !
Or, dans la plus totale indifférence au niveau local, Bruxelles vient de donner son feu vert au rachat de Rubis terminal par le fonds d’investissement américain I Squared Capital.

En d’autres termes, les dépôts pétroliers de la Corse seront prochainement la propriété de ce fonds américain.
Elle ressemble à quoi cette autonomie si ses principaux artisans se moquent comme d’une guigne de l’avenir d’un équipement aussi essentiel et stratégique pour la Corse ?!
Gilles Simeoni avait promis que cette mandature serait celle des concrétisations, elle s’avère être celle des rendez-vous manqués.
A ce rythme, pour les prochaines élections, ce n’est pas des candidatures que devra présenter Femu a Corsica mais des excuses.
Des excuses pour avoir à ce point négligé les souffrances quotidiennes d’un peuple qu’il avait pourtant promis de protéger !
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